SIDI OULD TAH PRÉSIDENT DE LA BAD : UN NOUVEL AGENDA POUR L’AFRIQUE

La Banque africaine de développement (BAD) a tourné une nouvelle page de son histoire, le 1er septembre 2025. L’investiture de Sidi Ould Tah, économiste mauritanien, comme neuvième président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a ravivé les attentes autour du rôle de l’institution dans la dynamisation de l’économie africaine. Cette investiture est perçue comme un tournant majeur, car la BAD est appelée à franchir une nouvelle étape dans son rôle de moteur du développement économique de l’Afrique.

Depuis six décennies, la BAD a surtout financé de vastes projets d’infrastructures et appuyé les États. Désormais, l’urgence est d’accompagner une transformation économique globale. Chaque année, entre 10 et 12 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail alors que seuls 3 millions d’emplois formels sont créés, un déséquilibre qui fragilise la stabilité sociale et limite la valorisation du dividende démographique.

L’institution devra aussi soutenir l’industrialisation et la productivité afin de réduire la dépendance du continent aux importations et de renforcer ses capacités locales. Elle est également appelée à jouer un rôle important dans la transition énergétique, un secteur stratégique à l’heure où l’Afrique dispose d’immenses ressources renouvelables.

Une promesse de réactivité et de réforme

L’investiture de Sidi Ould Tah
Sidi Ould Tah aux côtés du président Alassane Ouattara lors de son investiture à Abidjan, le 1er septembre 2025. ©️ BAD

Dans son discours d’investiture, Sidi Ould Tah a réaffirmé sa volonté de faire de la BAD une institution « réactive, partenariale et tournée vers des solutions concrètes ». L’expérience acquise à la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), où il a conduit une modernisation en profondeur, nourrit l’espoir d’une gouvernance plus agile et plus efficace.

Le défi est considérable, mais l’expérience d’autres institutions multilatérales illustre les dynamiques possibles. La Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque asiatique de développement (BAD/ADB), dans leurs contextes respectifs, montrent comment un mandat résolument orienté vers le secteur privé peut générer des résultats mesurables.

En 2023, le Groupe BEI a ainsi soutenu environ 400 000 PME et mid-caps, principalement via des prêts et garanties, pour un volume total de 31,1 milliards €, contribuant au maintien de près de 5,4 millions d’emplois. En 2024, la Banque Asiatique de Développement a mobilisé près de 4,8 milliards USD en faveur du secteur privé (+28 % par rapport à 2023) et estime que ses opérations non souveraines ont permis de soutenir environ 1 million d’emplois directs.

Ces exemples, bien que liés à des environnements institutionnels différents, illustrent le rôle décisif que peut jouer une banque de développement.

Investiture de Sidi Ould Tah : un mandat porteur d’espoir

L’investiture de Sidi Ould Tah
Photo de famille après la prestation de serment de Sidi Ould Tah lors de son investiture à Abidjan, le 1er septembre 2025. ©️ BAD

L’investiture de Sidi Ould Tah ne représente pas seulement un changement de direction, mais l’opportunité de hisser la BAD au rang d’acteur incontournable de la transformation du continent. Plus qu’une banque de développement, elle est attendue comme une institution capable d’accompagner l’Afrique dans la valorisation de son dividende démographique, la modernisation de ses économies, l’impulsion de champions industriels et la conquête d’une nouvelle compétitivité mondiale.

Take-away

  • ●  L’arrivée de Sidi Ould Tah à la présidence marque une nouvelle ère pour la BAD.
  • ●  L’institution est attendue sur les grands défis : emploi, industrialisation, énergie, productivité.
  • ●  L’Afrique attend désormais de la Banque qu’elle passe du rôle de bailleur à celui de catalyseur de transformation économique.

Articles Récents